• Un extrait des Errants de l'Entremonde - La tristesse du Manta

    Accueil..."Joran s'éloigna discrètement de la maison. En passant par derrière, des buissons le cachaient et il pouvait tranquillement monter vers la grotte. Il n'eut pas de mal à trouver la tombe de la Dorgane, l'orage ayant vraiment délavé le sol. Tandis qu'il s'approchait, son regard était captivé par la pierre abritant le corps étrange.

    « Ghandia a voulu que tu réapparaisses, Dorgane, vas-tu me parler, à moi aussi ? »
    Joran attendait, comme si la tombe allait s'ouvrir tout à coup, et laisser sortir une créature morte-vivante...
    Le silence environnant donnait à cette tombe, à cette terre trempée et à la bouche noire de la grotte une aura sépulcrale, et le sol exhalait une odeur de mort. Lorsqu'il toucha le tombeau, Joran se sentit vulnérable.
    « Quel idiot ! J’aurais dû attendre un peu, et ne pas venir ici seul ! »
    Tout en se faisant des reproches, il effleurait la pierre froide de sa main gauche. Dans son autre main, le cristal brillait tellement qu'on aurait cru que lui seul était coloré dans cet univers terne et gris. Joran leva lentement le cristal jusque devant ses yeux.
    « Non ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Personne ne sait que tu es là ! Tu ne pars pas sans prévenir Corwin et les autres ! »
    Sa main résistait, son coude se soulevait pour pousser le cristal vers son front.
    « Qu'est ce que ça veut dire ? C'est la Dorgane ! C'est elle qui pousse mon bras...?! »
    Joran était effrayé et partagé entre ce qu'il devait faire - résister - et ce qu'il avait envie de faire - céder à la Dorgane, à la curiosité. L'esprit de la créature s'insinua en lui et Joran s’abandonna complètement à son charme. Le cristal frôla son front et une porte déchira l'espace et le temps. Pendant le « voyage », un voile blanc, très doux, flottait près de Joran, il se sentait accompagné. C'était une étrange sensation, qu'il ne connaissait pas. Seul Corwin avait pénétré avec lui ce monde particulier de « l'entre deux temps », et encore, il n'avait aucun souvenir de la présence de son frère. Lorsque Joran arriva de l'autre côté, il ne savait pas à quelle période il se trouvait, car à nouveau, ce n'était pas lui qui avait choisi. Il lui sembla reconnaître encore une fois la descente vers la ville de Manthris... Mais quand ?
    « Le Jeune Guerrier du Cristal je salue ! »
    La voix venait de derrière lui. Son étrange timbre, comme si deux voix se chevauchaient, l'une grave et chaude, l'autre fine et fluette, fit comprendre instantanément à Joran que ce devait être la voix d'une Dorgane ou d'une autre créature inconnue... Il se tourna lentement, se préparant à regarder en face cet être qui avait tant effrayé Odin. Le monstre était maintenant juste devant lui... Joran leva doucement ses yeux jusqu'au dragon, jusqu'à l'ogre... Il sentait bien que le froid qui glaçait ses bras était la conséquence de la peur qui le clouait au sol. Maintenant que ses yeux étaient grands ouverts, il savait qu’il allait tomber d'horreur et vomir de terreur... Eh bien non... En fait, il ne vit pas grand chose. Une lumière bleutée l'éblouissait et il lui fallut quelques secondes pour s'y habituer. Un contact sur sa main le ramena à la réalité :
    - Désolée je suis de t'avoir imposé ce voyage. Si ici nous sommes, maintenant et ensemble, c'est que mort mon corps récepteur est, lors de la translation du bébé.
    - Pardonnes-moi, mais, es-tu la Dorgane qui a transporté Olonna devant la grotte, chez Odin ?
    - La Dorgane je suis.
    - Mais, Odin avait dit que votre corps était assez, euh, comment dire...
    - Affreux ou étrange il est, pour vos humains petits yeux. Pratique il est, pour notre transport et sur la matière agir. Arrêtée dans cette époque j'étais, jusqu'à ton arrivée. Dans le récepteur inerte attendre longtemps j'ai pu. Je remercie le Jeune Guerrier du Cristal. Voyagé dans ton esprit j'ai, partagé ton corps avec lui, j'ai. Maintenant, besoin d'un corps récepteur autre que le tien j'ai. »
    La lumière bleue s'évapora tout à coup autour de Joran. Fasciné, il restait là, les bras tendus devant lui, comme pour empêcher la Dorgane de partir. Il aurait voulu lui crier de rester, mais il savait que ce serait la condamner. L'esprit n'est pas fait pour vivre hors du corps sur Ghandia."...
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